DAY 3 : PREMIERES PIERRES DU PROJET

Nous partons tout juste pour l’école que le tuk tuk commence à faire un bruit inhabituel… Aie aie aie… Nous ne pouvons pas nous permettre d’être sans tuk tuk, car nous faisons de nombreux kilomètres, et cela nous couterait trop cher de payer pour chaque course. De plus, l’école étant à plus de 10km de la ville, il n’y en a aucun qui passe par là-bas. Pas le choix, nous filons au garage ! Pendant que le tuk tuk se fait soigner, Asanka en profite pour passer des coups de fil. Aujourd’hui, nous devons commencer le travail, et nous devons avoir recruté suffisamment de monde chaque jour pour ne pas perdre en productivité, et ainsi limiter les frais. Nous avons donc besoin, par jour, de 1 ou 2 « workers » (Ceux qui construisent réellement l’escalier par exemple), et de 3 « helpers » (ceux qui préparent tout pour les workers, qui leur amènent tout à côté pour travailler, ils préparent de ciment, déchargent les pierres du camion ...). « Workers » et « Helpers » ont des salaires différents. Avec Asanka, nous avons beaucoup discuté du montant des salaires. Travel & Smiles ne peut pas les rémunérer à un prix occidental évidemment, mais le salaire sera un peu plus élevé que leur salaire habituel.
Lorsque nous arrivons à l’école, le travail est déjà commencé. Le 1er camion de sable et de pierres a été déchargé. Les helpers préparent le ciment, puis 2 workers posent enfin les premières pierres de l’escalier ! Moment solennel !
Un camion arrive ensuite chargé de pierres. Il doit y avoir une erreur, car de base nous avons acheté 2 camions de pierres, et nous avons ensuite annulé ce 2ème camion car finalement pas nécessaire. Celui-ci ne doit donc pas être déchargé et Asanka règle le problème. Pendant ce temps, je remplie des bouteilles d’eau de la source du voisin, pour toute l’équipe (sauf moi, qui ne peux boire que de l’eau minérale en bouteille).
Dans l’après-midi une réunion est prévue à l’école. Certains élèves partent en voyage scolaire dans quelques jours. Pendant 3 jours, ils se rendent à Polonaruwa, site majeur de la religion bouddhiste, et donc des Sri Lankais. J’ai d’ailleurs été cordialement invitée à les suivre pendant ces 3 jours. Mais j’ai dû refuser, car je dois superviser le projet Travel & Smiles, à 100%, tous les jours.
La réunion est déjà commencée. Les professeurs accompagnateurs et le principal sont sur l’estrade, devant la vingtaine d’élèves assis. Dès que le Principal m’aperçoit, il m’appelle et me dit de les rejoindre sur l’estrade. Tous les élèves se lèvent alors pour me saluer. Je suis gênée d’un tel accueil ! Tous et toutes me regardent en souriant. J’ai l’impression d’être dans un film… Il y a quelques mois à peine, je regardais une série à la télévision, une femme se rendait dans une école en Inde et faisait la rencontre des élèves. C’est à ce moment-là que l’idée a germé. Je me suis dit, moi aussi je veux voir des enfants au Sri Lanka. Et bien voilà, j’y suis, pour de vrai ! Incroyable, quel moment inoubliable pour moi !
Le Principal me présente, puis je me présente à mon tour, et explique pourquoi je suis là, quelle est la mission de Travel & Smiles. Ils sont tous très attentifs, Asanka traduit au fur et à mesure, pour ceux ou celles qui ont un niveau d’anglais plus faible. Il est très heureux et fier de participer au projet. Il a la reconnaissance et le respect de toute l’équipe d’enseignants de l’école. Travel & Smiles le rémunère aussi bien évidemment pour ses journées de travail.
Quand je finis ma présentation, je suis applaudie, et tout le monde se lève quand je quitte la salle. Quel moment !
L’équipe du jour a fini de travailler, et nous attend pour recevoir les payes. Asanka les distribue, et leur explique les sommes décidées. L’équipe approuve les montants. Je fais reposer la question à Asanka, car je ne veux surtout pas les sous-payer. Le prix est juste. Mais c’est un travail très dur, il fait une chaleur incroyable, ils n’ont pas de tenue adaptée à un tel travail… quand je convertie le salaire journalier en euro tout en les regardant travailler, je ne peux m’empêcher d’être triste… Je propose à Asanka d’attendre la fin du chantier, avant d’acheter les fournitures scolaires, pour réfléchir si je ne pourrai pas leur laisser une petite enveloppe de bonus. Asanka leur en parle, et le retour en est des plus généreux : ils sont bien payés et préfèrent que je consacre tout ce qu’il restera comme argent pour les élèves, ils n’ont pas besoin de bonus.
Leur réponse parle d’elle-même, et si le monde adoptait cette philosophie, il s’en porterait beaucoup, beaucoup mieux.
En fin de journée, nous rentrons vite, j’ai tellement de choses à vous raconter !
A demain !




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